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La plus grande colonie de manchots royaux au monde subit un crash de 85%

Les îles Crozet ont été découvertes par les explorateurs français en 1772 et, bien que le petit archipel situé entre la pointe sud de l'Afrique et l'Antarctique ne soit pas habité par une population, il comptait de nombreux habitants, notamment des phoques, des baleines et, de manière plus spectaculaire, des manchots. En fait, la colonie de Morne du Tamaris sur l'île aux Cochons s'est avérée être un manchot royal presque mur à mur, la plus grande colonie de manchots royaux au monde et la deuxième colonie de manchots au monde. Au cours des siècles, les baleiniers ont frappé les Crozets et les chasseurs ont presque anéanti les phoques de l'île, mais les manchots semblaient bien se porter.

Ce n'est plus le cas. L'Agence France-Presse rapporte qu'une nouvelle étude montre que la colonie s'est effondrée au cours des 30 dernières années, passant de 2 millions d'animaux à seulement 200 000, soit une baisse de 85%.

Selon l'article, publié dans la revue Antarctic Science, le nombre de couples nicheurs sur l'île aurait également diminué, passant de 500 000 en 1988 à 60 000 en 2015. Se rendre à l'avant-poste extrêmement éloigné est difficile, les chercheurs ont donc estimé le nombre de manchots à l'aide d'images recueillies à partir d’enquêtes par hélicoptère et satellites de la colonie menées entre 1962 et 2016.

Les chercheurs ont découvert qu’après avoir atteint leur concentration maximale de 2 millions de manchots entre 1982 et 1988, la colonie s’est rapidement rétrécie et que la végétation a envahi de nombreuses zones où se reproduisaient autrefois les manchots reproducteurs. «C'est complètement inattendu et particulièrement significatif puisque cette colonie représentait près du tiers des manchots royaux dans le monde», a déclaré à l'AFP Henri Weimerskirch, écologiste au Centre d'études biologiques de Chize, en France.

Pourquoi les pingouins sont en déclin est un mystère. Selon le journal, les plus petites colonies de manchots royaux d'autres îles de l'archipel sont restées stables. Et en général, au cours du dernier demi-siècle, les manchots royaux, qui ne sont pas classés en danger de disparition, ont augmenté dans tout l'océan Austral à mesure que les stocks de poissons et leurs habitats se remettaient de l'exploitation humaine. Mais cela ne se produit pas sur Cochon.

L'AFP rapporte que le déclin a probablement commencé vers 1997, lorsqu'un événement majeur, El Niño, a temporairement réchauffé le sud de l'océan Indien, déplaçant les abondants poissons et calmars sur lesquels reposent les manchots. En tant qu'espèce non migratrice, les manchots royaux étaient coincés sur leur île sans nourriture. «Cela a entraîné un déclin de la population et un succès de reproduction médiocre pour toutes les colonies de manchots royaux de la région», a déclaré Weimerskirch. Cependant, contrairement aux peguins des autres îles, les oiseaux cochons ont continué à décliner au lieu de se rétablir.

Selon un communiqué de presse, il existe également d'autres possibilités. La colonie est peut-être simplement devenue trop nombreuse, ce qui a provoqué des effets appelés effets dépendants de la densité. Dans ce cas, la population devient trop nombreuse, rendant plus difficile la recherche de nourriture pour les individus. Finalement, cette concurrence féroce pour les ressources conduit à un effondrement rapide et drastique. Il est également possible qu’une sorte de maladie, comme le choléra aviaire, qui a affecté les oiseaux de mer sur d’autres îles voisines, soit à blâmer. Enfin, il est possible que de nombreuses espèces envahissantes telles que les chats, les rats ou les souris aient explosé, entraînant l’échec de la colonie. Les mammifères invasifs, qui mangent des œufs et attaquent les oiseaux nicheurs, peuvent avoir d’impressionnants impacts sur les grands oiseaux de mer qui n’ont pas évolué en leur présence.

Cependant, les chercheurs disent qu'aucune des théories à elle seule ne peut expliquer de manière adéquate la chute massive du nombre de personnes à Cochon. La seule façon de le savoir est de faire des études de terrain sur la colonie, qui, espèrent-ils, débuteront en 2019.

La nouvelle de l'effondrement de cette importante colonie intervient quelques mois à peine après qu'une autre étude ait révélé que le changement climatique aurait un impact énorme sur les manchots royaux non migrateurs. Les changements de température des océans éloigneront leurs stocks de fruits de mer préférés de leurs colonies de reproduction, situées sur une petite poignée d'îles libres de glace près de l'Antarctique. Selon les recherches, près de 70% des 1, 6 million de manchots royaux devront trouver de nouveaux foyers ou mourront d'ici la fin du siècle.

La plus grande colonie de manchots royaux au monde subit un crash de 85%