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Les pesticides ont entraîné un déclin "catastrophique" des populations d'oiseaux en France

En 1962, la environnementaliste Rachel Carson a publié son ouvrage fondamental, Silent Spring, qui exposait les effets dévastateurs du DDT, un puissant pesticide, sur les humains et la faune. «Nous pulvérisons nos ormes», écrivait Carson, «et les sources suivantes ne parlent pas de la chanson de robin.»

Depuis, de nombreux pays ont interdit le DDT, mais des scientifiques français avertissent maintenant que le pays est à nouveau confronté à un «printemps silencieux». Comme le rapporte l' Agence France-Presse, deux études ont révélé que les populations d'oiseaux dans les campagnes françaises ont chuté au cours des dernières années. 17 ans - une tendance alarmante qui peut probablement être attribuée à l'utilisation généralisée de pesticides.

Les deux études, dirigées par le Centre national de la recherche scientifique et le Muséum national d'histoire naturelle de France à Paris, ont permis de suivre le nombre d'oiseaux dans tout le pays. La première étude s’appuyait sur un programme du Muséum d’histoire naturelle, qui recrutait depuis des décennies des ornithologues volontaires dans l’ensemble de la France pour recenser les oiseaux qu’ils voyaient et entendaient au petit matin. La deuxième étude était basée sur des recherches menées dans la région des Deux-Sèvres, où toutes les espèces d'oiseaux font l'objet d'une surveillance intensive depuis 1995, selon un communiqué de presse du Centre national de la recherche scientifique.

Les dernières données de ces programmes de recherche ont révélé qu'en moins de deux décennies, un tiers des oiseaux avaient disparu de la campagne française. Parmi les espèces spécifiques, les baisses sont encore plus sévères. Pipits Meadow, par exemple, ont diminué de 68 pour cent. Les populations de Skylark ont ​​chuté de 50%. Avec une baisse de 90% de leur nombre, les populations de perdrix grises de France se sont pratiquement effondrées.

"La situation est catastrophique", commente Benoît Fontaine, biologiste de la conservation au Muséum national d'Histoire naturelle. "Nos terres agricoles se transforment en un véritable désert."

Les chercheurs disent que l'utilisation généralisée de pesticides est le principal responsable du déclin des oiseaux. Les pesticides ne nuisent pas directement aux oiseaux, mais déciment les insectes dont les animaux se nourrissent. "Il ne reste pratiquement plus d'insectes, et c'est le noeud du problème", déclare Vincent Bretagnolle, écologiste au Centre d'études biologiques de Chizé, selon le communiqué.

Des recherches antérieures ont révélé des tendances tout aussi déconcertantes en Europe. Deux études récentes ont montré que l'Europe avait perdu 80% de sa biomasse d'insectes volants et 421 millions d'oiseaux.

Bien que le gouvernement français ait fait des efforts pour réduire de moitié l'utilisation de pesticides dans le pays d'ici 2020, les ventes de pesticides ont augmenté, rapporte Patrick Barkham du Guardian. Selon le Centre national de la recherche scientifique, Bretagnolle travaille actuellement avec les agriculteurs pour explorer des moyens de réduire leur utilisation de produits chimiques tout en maintenant les rendements. L'augmentation du nombre de prairies et de haies dans les zones touchées peut également contribuer à encourager la biodiversité.

Comme le suggèrent les nouvelles études, il est urgent de promouvoir de meilleures pratiques agricoles, non seulement pour les oiseaux et autres animaux, mais également pour l'homme.

«Nous sommes en train de tout perdre et nous avons besoin de cette nature, de cette biodiversité. L'agriculture a besoin de pollinisateurs et de la faune des sols», explique Fontaine, biologiste du Muséum national d'histoire naturelle, à Barkham. "Sans cela, finalement, nous mourrons."

Les pesticides ont entraîné un déclin "catastrophique" des populations d'oiseaux en France