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Des pilleurs vendent des artefacts pour financer la guerre en Syrie

Les zones de guerre sont des lieux dangereux, tant pour le peuple que pour le patrimoine culturel. Dernièrement, l’Iraq, l’Afghanistan et l’Égypte ont subi des pillages de grande envergure ou des tentatives de pillage de sites archéologiques et de musées. Maintenant, la Syrie a rejoint la liste peu glorieuse alors que des artefacts inestimables sont volés, passés en fraude et même échangés contre des armes.

Interpol s'est impliqué. La situation est arrivée au point où ils ont posté cet avertissement en mai:

Le conflit armé en cours en Syrie menace de plus en plus une partie importante du patrimoine culturel de l'humanité. Les ruines romaines, les sites archéologiques, les locaux historiques et les lieux de culte sont particulièrement vulnérables aux destructions, aux dommages, au vol et au pillage durant cette période de troubles.

Le Secrétariat général d'INTERPOL s'associe par conséquent à la mise en garde de l'UNESCO contre les menaces imminentes auxquelles le patrimoine culturel syrien est actuellement exposé et renforce sa coopération avec d'autres organisations partenaires internationales pour une réponse coordonnée à cette menace.

Meanace, en effet. Cet avis faisait partie d'un appel au retour d'un groupe de mosaïques pillées dans les ruines romaines d'Apamée, près de Hama.

Un article de Time brosse un tableau saisissant de la manière dont les artefacts syriens sont utilisés comme fourrage pour la machine de guerre:

Abu Khaled connaît la valeur des choses. Passeur clandestin vivant le long de la frontière poreuse entre la Syrie et le Liban, il a touché autant aux antiquités qu'aux cigarettes, aux biens volés et aux armes qui constituent l'essentiel de son commerce. Ainsi, quand un passeur syrien lui a apporté une petite statue en albâtre représentant un homme assis il y a quelques semaines, il a pensé que cette sculpture, vraisemblablement volée dans l'un des deux douzaines de musées du patrimoine de la Syrie ou dans l'un de ses centaines de sites archéologiques, pourrait être quelques milliers de dollars sur le marché noir des antiquités au Liban. Il a donc appelé ses contacts à Beyrouth. Mais au lieu de demander de l'argent, il a demandé quelque chose d'encore plus précieux: des armes.

«La guerre est bonne pour nous», dit-il de la communauté de passeurs qui transitent régulièrement par la frontière voisine. «Nous achetons des antiquités à bas prix, puis nous vendons des armes à un prix élevé.» Ce commerce, dit-il, est sur le point de s’améliorer. Les combattants alliés aux unités de l'armée syrienne libre combattant le régime du président syrien Bashar Assad lui ont dit qu'ils développaient une association de creuseurs dédiés à la recherche d'antiquités afin de financer la révolution. «Les rebelles ont besoin d'armes et les antiquités sont un moyen facile de les acheter», a déclaré Abu Khaled.

Mais ce ne sont pas seulement les rebelles accusés de vol, comme le rapporte un article de l'Agence France-Presse (AFP):

À Reyhanli, un petit village turc près de la frontière syrienne, un réfugié syrien nouvellement arrivé de la célèbre ville du désert, Palmyre, a déclaré à l'AFP que le musée avait été pillé et qu'il y avait eu des vols à grande échelle.

«Ce sont les shabiha, les gangs Assad (les miliciens) qui font cela», a accusé Abu Jabal, en donnant un nom fictif. «L’armée est sur place et supervise tout.» Une vidéo amateur mise en ligne le 17 août montre sept ou huit sculptures et bustes entassés à l’arrière d’une camionnette. On peut voir des soldats en train de bavarder à côté du véhicule.

«Nous avons étudié ce que nos collègues syriens disent, et ce sont bien des soldats. Tout nous porte à croire que l'armée vole des antiquités à Palmyre et ailleurs », a déclaré à l'AFP l'archéologue espagnol Rodrigo Martin.

Il semble qu'en Syrie, contrairement à l'Égypte, ni le gouvernement ni les rebelles ne veuillent protéger les trésors de la Syrie.

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