Lorsque certains géologues examinent les plages de sable fin et les récifs de corail des magnifiques Bahamas, ils ne voient pas seulement la vie marine glorieuse, les coraux colorés et un lieu propice à la plongée. En regardant plus en profondeur, ils peuvent voir comment des couches de calcaire ont été formées par le corail qui habite ces récifs, posant des structures riches en carbonates au cours des 100 millions d'années écoulées. Mais ces récifs présentent une énigme.
L'eau de mer entourant les Bahamas est étonnamment pauvre en éléments nutritifs, manquant apparemment d'une source locale fiable de fer et d'autres minéraux nécessaires au maintien de l'écosystème. Malgré leur abondance, les mers riches n'ont pas beaucoup de sens.
Une nouvelle étude publiée dans la revue Geology suggère une source surprenante de nutriments qui nourrissent la splendeur bahamanique: le désert du Sahara. L'étude a examiné la concentration de fer et de manganèse dans les sédiments trouvés sur le Great Bahama Bank, la plate-forme sous-marine sous-jacente d'une grande partie des eaux peu profondes entourant les îles. Les chercheurs ont constaté que la proportion de minéraux dans les sédiments du banc du Grand Bahama correspondait étroitement à la composition de la poussière du désert du Sahara.
Chaque année, de grandes tempêtes de sable balaient des millions de tonnes de poussière à des milliers de kilomètres du Sahara. On sait que cette poussière se propage dans le sud-est des États-Unis et provoque un ciel brumeux.
Les auteurs supposent qu'un apport constant de cette poussière au cours des siècles a alimenté la croissance des cyanobactéries. Ils pensent que ces bactéries ont utilisé les minéraux sahariens pour se développer et fixer l'azote de l'atmosphère, fournissant des nutriments à l'ensemble de l'écosystème. Ces bactéries créent également des carbonates, formant des sédiments blanchâtres et aidant à fournir au corail le matériau utilisé pour la fabrication de leurs squelettes.
La recherche suggère que la poussière saharienne n’a pas été seulement une aubaine pour les Bahamas et d’autres îles des Caraïbes, elle a également contribué à fertiliser la forêt amazonienne. Et une étude a révélé que les dunes rouges des Bermudes sont probablement aussi originaires du Sahara.