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Un musée sera construit sur le site du premier camp de concentration français occupé par les nazis

Au début de la Seconde Guerre mondiale, des responsables français ont établi Pithiviers, un camp situé dans la région sud du Loiret, pour accueillir un afflux anticipé de prisonniers de guerre nazis. Mais le plan change brusquement lorsque la France tombe à l’Allemagne nazie à l’automne 1940. Au lieu de loger des prisonniers de guerre ennemis, Pithiviers devient un camp de réfugiés. Puis, dans une ironie du sort, il devint un centre de rétention pour les prisonniers de guerre français. En mai 1941, l'identité du site changea encore une fois pour devenir un camp de transit pour les prisonniers juifs - dont 16 000 furent acheminés vers les camps de la mort depuis Pithiviers et le camp voisin de Beaune-la-Rolande entre 1941 et 1943.

C'est ce chapitre honteux qui fait revenir Pithiviers dans les nouvelles: comme le rapporte Cnaan Liphshiz pour l'Agence télégraphique juive (JTA), l'ancienne gare de passagers de Pithiviers, qui était responsable de six transports à destination d'Auschwitz-Birkenau, site important de commémoration de l’histoire française de l’Holocauste.

La compagnie ferroviaire nationale française, la SNCF, consacrera 2, 3 millions de dollars à la construction d'un nouveau musée, qui devrait ouvrir ses portes en 2020, sur le site de camping. Selon l'AFP, la SNCF collaborera avec le CRIF, un groupe de coordination représentant les communautés juives françaises, afin de redonner à la gare de Pithiviers, aujourd'hui délabrée, son apparence de guerre. Du matériel pédagogique, notamment un centre d'exposition détaillant l'internement des Juifs d'Europe et des salles d'étude pour les visiteurs et les écoliers, sera installé dans la station transformée en musée.

Comme le note le Liphshiz de JTA, les collaborateurs de Vichy et les responsables nazis responsables des camps de transit ont fait appel au soutien logistique de la ligne de chemin de fer de la SNCF pour transporter les Juifs jusqu'à leur mort. Comme Alain Leray, conseiller en mémoire et en histoire auprès du président de la SNCF, a déclaré à l'AFP, cela fait «partie du devoir de [la société] de se rappeler» de son rôle dans les déportations.

Les autorités locales ont d'abord proposé la création d'un monument à Pithiviers en 2017, selon Luc Barre du point de vente français La République Du Centre . Entre la fermeture de la station en 1969 et une nouvelle vague de travaux entamée en septembre 2018, la station avait été en grande partie abandonnée, attirant peu de visiteurs en dehors des groupes de visites scolaires locaux.

Les premiers prisonniers juifs sont arrivés à Pithiviers et à Beaune-la-Rolande le 14 mai 1941. Comme l'a détaillé le United States Holocaust Memorial Museum, les Juifs détenus à Pithiviers étaient pour la plupart des expatriés polonais vivant dans la préfecture de Paris. Les détenus étaient gardés par des fonctionnaires de Vichy agissant sous la surveillance des nazis et logés dans 19 casernes. Pithiviers possédait également divers bâtiments administratifs, notamment une infirmerie et une cantine, ainsi qu'un grand potager. Les prisonniers étaient obligés de travailler à l'intérieur du camp, notamment dans ses ateliers et son jardin, ainsi que dans des fermes et des plantes extérieures trouvées dans les villages environnants.

L'un des moments les plus dévastateurs de l'histoire du camp s'est produit peu après le 16 juillet 1942, avec l'arrestation de plus de 11 000 Juifs parisiens. Cette arrestation de masse, connue aujourd'hui sous le nom de rassemblement du Vel 'd'Hiv, a permis de découvrir des victimes entassées dans le stade d'hiver de la ville, ou Vélodrome d'Hiver, sans nourriture, eau et installations sanitaires suffisantes. Ceux qui ont survécu à ce traumatisme initial ont rapidement été déportés dans des camps de concentration voisins, notamment à Drancy, Beaune-la-Rolande et Pithiviers.

Comme l'indique le portail Yad Vashem Vel 'd'Hiv, la majorité de ces prisonniers ont finalement été assassinés à Auschwitz-Birkenau. Vers la fin du mois de juillet et au début du mois d'août, les détenus adultes ont été violemment séparés de leurs enfants et envoyés dans le camp de la mort; cette vague de déportations a laissé plus de 3 000 enfants et nourrissons abandonnés dans les deux camps du Loiret.

Début août, les jeunes prisonniers ont été expédiés de Driviers et Beaune-la-Rolande à Drancy par groupes d'environ 1 000 chacun. De Drancy, Susan Zuccotti écrit dans L'Holocauste, Français et Juifs, que les enfants ont été envoyés à Auschwitz, entourés de parfaits inconnus qui "ont contribué à entretenir l'illusion que les enfants n'avaient pas été condamnés à faire face à leur destin."

Jackie Zonzajn, une fillette de 10 ans qui a quitté Pithiviers avec sa soeur Liliane, âgée de 3 ans, en août 1942, a décrit les événements dans une lettre déchirante adressée aux amis de la famille: «Nous sommes dans une triste situation. Mère, Mme Wartski a été envoyée vers une destination inconnue. … Nous dormons sur de la paille.

Il conclut: "Je ne peux penser à rien d'autre pour t'écrire alors je te serre dans mes bras dans l'espoir de te voir bientôt."

Dix jours plus tard, Zonzajn et Liliane sont arrivées à Auschwitz. Comme des centaines de milliers de Juifs, ils ont été assassinés dès leur arrivée.

Un musée sera construit sur le site du premier camp de concentration français occupé par les nazis