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La cyberarchéologie pourrait être le moyen de se rappeler des artefacts détruits par des militants

Lorsque l'Etat islamique a détruit au bulldozer la ville de Nimrud, vieille de 3 000 ans, d'innombrables artefacts ont été perdus. Des groupes clandestins travaillent pour mettre fin à la destruction du patrimoine iraquien par l'éducation et la contrebande, tandis que les pays voisins gardent ce qu'ils peuvent. Mais maintenant, beaucoup craignent que tout ce qui reste des impressionnantes statues de taureau ailé, des sculptures en relief complexes et des murs antiques de Nimrud soient des photos. Pourtant, même ces photos peuvent être utiles. Les archéologues utilisent ces images pour créer des reconstructions 3D pouvant être étudiées numériquement, rapporte Jonathan Webb pour BBC News .

La photogrammétrie est la technique utilisée pour construire des modèles à partir de nombreuses images 2D. Lorsque la vidéo de militants de l'Etat islamique détruisant des statues au Musée de Mossoul a été diffusée en février, Chance Coughenour et Matthew Vincent, deux doctorants, ont compris qu'ils pouvaient utiliser cette technique pour reconstruire ces statues sous forme numérique. Ils s’appuient sur des photographies provenant de la population qui ont visité les artefacts avant le conflit qui les a détruits. Webb écrit:

Alors ils ont mis en place le projet Mossoul. Les personnes ayant visité des sites maintenant détruits - à commencer par le musée de Mossoul - peuvent soumettre leurs photographies. Ensuite, des volontaires se connectent pour aider à trier les images, et ceux qui ont le savoir-faire restent coincés dans le travail de reconstruction des artefacts.

Le projet a reçu plus de 700 photos à ce jour, dont 543 montrant des artefacts de Mossoul. Une galerie sur la page d’accueil présente 15 reconstructions 3D complétées par neuf volontaires.

Les statuts du lion du musée de Mossoul, comme ceux qui ont été photographiés le plus souvent, font les meilleures reconstructions. L'image de photogrammétrie n'est pas aussi sophistiquée que celle créée à l'aide d'éléments tels que le balayage laser et les caméras calibrées capables de numériser l'objet intact, mais c'est un moyen de préserver la mémoire et l'importance de la statue.

Webb écrit:

Au-delà du projet Mossoul, M. Vincent souhaite vivement que d’autres efforts de préservation numérique soient entrepris de manière plus délibérée et proactive. Une fois qu'un enregistrement numérique a été créé, il serait même possible de recréer physiquement des objets précieux en utilisant l'impression 3D, a-t-il suggéré.

Cela pourrait s'avérer utile pour reconstituer des répliques d'artefacts détruits ou perdus, mais aussi d'éléments trop fragiles pour être exposés au public, comme ce fut le cas pour les remarquables peintures rupestres de Chauvet, qui ont été reconstruites à la surface en France.

Même les artefacts détruits par des catastrophes naturelles, tels que la tour du Dharahara détruite par le premier tremblement de terre au Népal, pourraient ainsi être préservés.

La cyberarchéologie pourrait être le moyen de se rappeler des artefacts détruits par des militants