Que se passe-t-il lorsque vous libérez un photographe de luxe renommé sur des centaines de squelettes d'animaux anatomiques conservés dans les collections d'un musée?
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Si ce photographe est Patrick Gries et que les squelettes sont ceux du Musée national de l’histoire de Paris, vous obtiendrez une série de 300 photographies époustouflantes qui transforment des spécimens scientifiques ordinaires et gardés en art biologique.
Un crotale (avec l'aimable autorisation de © Patrick Gries)Gries a réalisé ces images pour accompagner le texte de l’océanographe et documentariste Jean-Baptiste de Panafieu dans le livre Evolution, publié par Xavier Barral, et celles-ci ont récemment été présentées au festival Photovisa de Krasnodar, en Russie.
"Si vous allez au musée, vous verrez des milliers de squelettes", dit Gries. "Mon travail consistait à prendre un spécimen, à l'isoler et à travailler avec la lumière pour photographier ce spécimen comme s'il s'agissait d'une sculpture."
Un lémurien volant (© Patrick Gries)Les essais de De Panafieu racontent l'histoire de l'évolution pièce par pièce, avec des chapitres sur l'adaptation, la convergence, l'homologie et d'autres thèmes généraux, tandis que les photos saisissantes de Gries isolent l'essence des adaptations uniques de chaque animal.
Simultanément, les photos mettent en évidence les caractéristiques anatomiques communes à tous les vertébrés. Dépourvu de fourrure et de chair, il peut être difficile d'identifier les squelettes sans étiquette: sans oreilles, un lapin n'a pas l'air si différent d'un guépard, et le crâne d'un singe ne diffère que par sa taille.
Un narval (avec l'aimable autorisation de © Patrick Gries)Créer des images apparemment simples était beaucoup plus difficile qu'il n'y paraissait, déclare Gries. Les photos ont été prises sur une période de six mois, avec des animaux sélectionnés en grande partie par De Panafieu afin que Gries puisse illustrer ses essais. La plupart venaient du musée parisien, mais le duo a également visité quatre autres collections de musées en France pour avoir accès aux squelettes qu’ils désiraient.
Un guépard (© Patrick Gries)Bien que les squelettes puissent sembler planer dans un état vierge dans les airs, cette illusion est le résultat de l’ingéniosité numérique et réelle de Gries.
"Travailler dans les musées était très difficile", dit-il. "Beaucoup de pieds de squelettes sont cloués à des planches de bois et nous ne pouvions rien toucher. Nous avons donc dû les supprimer à l'ordinateur."
Un éléphant d'Afrique (© Patrick Gries)Faire paraître les animaux comme s'ils bougeaient, comme le demandait De Panafieu pour le livre, était également assez délicat. "Vous devez réaliser qu'avec les squelettes, rien ne bouge. Certains ont l'air d'être en action, mais tout est assez raide", explique Gries. "Nous avons donc dû utiliser des clous et des fils pour les maintenir en place."
"Quand vous regardez les images, cela ressemble à de la haute technologie, mais la façon dont nous devions le faire était assez basse", dit-il.
Un cheval et un humain (© Patrick Gries)"Ce que j'aime c'est que tu ne t'en rendrais même pas compte", dit Gries. "Tu regarderais les images et penserais qu'elles sont juste la façon dont les squelettes sont présentées, sans te demander, 'où sont les ongles et les fils?"
Un singe laineux brun (© Patrick Gries)Les photos qui comprennent plusieurs squelettes d'animaux, illustrant des concepts tels que la prédation ou les courses à l'armement de l'évolution, sont en grande partie composées de paires d'animaux qui figurent ensemble dans les expositions du musée.
Un sparrhawk eurasien s'attaque à un moineau domestique (© Patrick Gries)"Ce qui est le plus intéressant pour moi, c'est le croisement entre l'art et la science. J'aime travailler sur des projets qui me permettent de croiser des disciplines", a déclaré Gries.
Bien que les projets qui englobent à la fois l'art et la science ne soient pas des idées radicales aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, Gries note qu'il existe toujours une résistance à la combinaison des deux en France.
"Je pense que cela commence à changer, cependant, et je suis heureux", dit-il. "Je ne suis pas scientifique, mais j'ai beaucoup appris au cours de ce projet, car j'ai eu la chance de pouvoir travailler avec l'un d'entre eux."
Un renard roux et un campagnol commun (Gracieuseté de © Patrick Gries)